Zaventem, 26 mars 2011 – Communiqué de presse
Le SLFP-Police exige du ministre de la Justice qu’il règle le problème structurel aussi vite que possible au lieu de toujours faire appel à la « roue de secours” qu’est la police.
Nous avons pris connaissance de la réponse formulée par la ministre de l’Intérieur à la Chambre au sujet du nombre de policiers occupés par les grèves des gardiens de prison.
1. Le “remplacement” des gardiens partis en grève
En 2010, nous avons connu 210 jours de grève dans les prisons. C’est beaucoup plus qu’en 2009 qui n’en comptait « que » 78. Plus de 6.000 policiers (45% pour la police fédérale et 55% émanant de la « capacité hypothéquée » des corps de la police locale) ont été injectés en renfort dans les prisons pour remplacer les gardiens partis en grève. C’est plus du double par rapport à 2009.
Un service moyen dure entre 8 et 9 heures (le service sur place et les déplacements).
Procédons à un petit calcul : 6.000 x 9 heures = 54.000 heures ou 35 FTE.
Mais il faut encore ajouter à cela la capacité propre des zones sur le territoire desquelles les prisons se trouvent. Et à ce sujet, il n’y a aucune donnée centralisée, … mais vous pouvez aisément imaginer le coût global.
Si nous pouvons admettre que le maintien de l’ordre dans les prisons est bien une mission de police (puisqu’inscrite sous le concept de « surveillance » dans la loi sur la Fonction de Police), le remplacement à proprement parlé des gardiens partis en grève ne relève pourtant pas de cette logique légale. Il faudrait donc définir avec précision que ce « surveillance » veut dire, et d’un autre côté, le coût financier de ces « remplacements » encourus par les services de la police fédérale ou des zones de police devraient être l’objet d’un remboursement par le ministère de la Justice.
La plupart des conflits sociaux dans le secteur des prisons portent sur une carence structurelle en personnel, combinée à une surpopulation et/ou des problèmes de sécurité. Ces problèmes sont récurrents depuis des années et s’aggravent d’année en année. Ce qu’on oublie trop souvent, lorsqu’on requiert les policiers pour cette mission précise, c’est qu’on détourne une capacité considérable des autres missions. Il apparaît donc qu’il n’y a pas que le service à la population qui souffre, mais la plus élémentaire sécurité des citoyens n’est plus vraiment assurée.
Il est plus que temps que le ministre de la Justice règle une fois pour toutes les problèmes structurels des prisons, par le biais d’une solution interne à la Justice, plutôt que de toujours compter sur la « roue de secours » qu’est la police.
2. Transport des détenus
Le transport des détenus coûte aussi énormément de capacité, alors qu’il ne s’agit pas du tout d’une mission de police !
En 2009, la police fédérale a presté 73.360 heures au transfert de détenus/inculpés entre les prisons. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2008 de presque 6.000 heures.
Ces heures prestées représentent 48 FTE. Les chiffres de la police locale ne sont pas (encore) connus.
Même s’il faut reconnaître que le Corps de sécurité assure ses missions, les services de police sont encore bien trop souvent concernés. Il faut cependant rappeler l’exception représentée par le transfert définis comme dangereux qui sont et doivent toujours être assurés par des unités spécialisées de la police fédérale.
Encore une fois, nous devons nous étonner et déplorer qu’une tâche qui ne relève pas des missions directes et légales de police puisse consommer autant de capacité, en vue de résoudre un problème interne au ministère de la Justice, capacité qui aurait normalement dû être orientée vers le service policier à la population en vue de garantir la sécurité des citoyens.
En conclusion, nous exigeons que le ministre de la Justice règle les problèmes structurels et de capacité relevant de sa compétence, de manière telle que les effectifs actuellement perdus puissent être à nouveau investis dans le service policier à la population.
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