Zaventem, 15 septembre 2013
Nous prenons connaissance de l’interview de Mme la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, dans les journaux du groupe Sud-Presse, dans lequel elle « plaide » pour une police plus efficace.
Plus de bleu dans la rue
La ministre veut plus de bleu dans la rue … Maia où avons-nous déjà entendu ça ? Il semble que Mme Milquet ait la mémoire bien courte. En effet, n’est-ce pas elle qui a osé proposer un plan « d’optimalisation » qui allait générer – au contraire du plan Bruggeman & De Bolle – une démultiplication des mandataires et des sous-structures ?
Des moyens de communication modernes
Astrid
Emplâtre sur jambe de bois …
Tout le monde sait que Astrid coûte beaucoup trop cher et ne répond que très peu à l’attente réelle en terme de fonctionnement. On oublie pourtant que c’est de la sécurité des services d’urgence dont on parle, et qui est de ce fait en danger. AU moindre incident (que nous ne souhaitons évidemment pas), le SLFP-Police mettra les autorités politiques face à leurs responsabilités, ainsi que tous les autres employeurs. Il faut que cet aveuglement hypocrite cesse une fois pour toutes.
Plus de moyens de communication modernes
Lorsque la ministre divague à propos de la nécessité de disposer de plus de moyens modernes de communication, nous en tombons de notre chaise. Car à part quelques favorisés au Top, la grande majorité des policiers de terrain ne dispose d’aucun moyen de communication « moderne ». Mais on touche plus à la déontologie de certains (qu’on fait semblant de ne pas connaître au niveau politique) plutôt que de travail efficace …
Et la ministre d’évoquer l’équipement des policiers de smartphone en vue de rédiger leurs procès-verbaux, et de plaider pour un « plan Marshall de la Télécommunication policière ».
Celui qui lui a glissé ça dans l’oreille n’y connaît visiblement rien en travail de terrain … « Il gagnerait pas mal de temps à y rédiger directement son p.-v. » : les zones de police qui ont tenté l’aventure ont remisé depuis longtemps dans des armoires à la cave ces engins inutiles dans notre secteur. Comment voulez-vous rédiger un procès-verbal de plusieurs pages avec un smartphone ? Poser la question, c’est y répondre.
L’idée d’un « plan Marshall de la Télécommunication policière » nous fait franchement froncer les sourcils. Et s’il est évident qu’il fallait lancer depuis des années une refonte complète en matière d’ICT policier – qui peut être contre une telle idée ? – mais il semble que la ministre a oublié (ou ne veut pas reconnaître) l’effort d’une réduction budgétaire de 100 millions en 2012 !? Le poste « Investissements » a été réduit de moitié en un an. Quel crédit apporter à de tels propos ministériel lorsqu’on sait que la police fédérale manque des consommables les plus élémentaires comme le papier-WC ?
Emplâtre sur jambe de bois
Nous constatons donc que la ministre régit vite à l’actualité en usant de la politique des pompiers. En dehors de mettre un emplâtre à gauche ou à droite, elle ne va jamais ou rarement à la fin d’un chantier qu’elle a elle-même initié.
Aptitude supérieure à la conduite
Ainsi, début février 2013, la ministre a pris une « initiative » (qui venait directement de notre Memorandum déposé sur sa table depuis deux ans) visant à élever l’aptitude à la conduite des policiers en en faisant une partie essentielle de la formation de base.
Bien sûr, nous avons fait très bon accueil à son « initiative ». Et à notre question d’une inscription à la plus rapide possible à l’agenda du Comité de négociation, il a été répondu que ce serait réalité sans tarder … Nous sommes sept mois plus tard et l’initiative n’a encore vu aucun début de négociation et donc de concrétisation. Et nous posons alors une question toute simple : cherche-t-on réellement à améliorer la sécurité des collègues sur le terrain ? Ou se contente-t-on d’effets d’annonce sans lendemain ?
Le plan Global contre la violence dont les policiers sont victimes
Lors de la réunion du 06/09/2012 au Cabinet de la ministre de l’Intérieur, la promesse dnous avait été faite de développer un « Plan global contre la violence dont les policiers sont victimes ». Cette promesse avait été faite sous le coup d’un préavis de grève, même si ce point était bien repris dans la note politique de la ministre.
Tous les acteurs ont marqué leur accord pour la mise en place de quatre groupes de travail. Après deux réunions de ces GT’s, les deux ministres ont réuni un « comité de suivi » le 26/09/2012. A l’occasion de cette réunion, les premiers engagements étaient dûment pris et coulés dans un protocole. Il a d’ailleurs été décidé que ce « Comité de suivi » se réunirait régulièrement en vue de débattre de l’avancement des travaux et des recommandations émises par les GT’s, en vue de développer de nouveaux engagements ministériels.
Et nous devons déplorer qu’une majorité de engagements pris le 06 septembre sont toujours en jachère, et que quelques-uns sont dans le “pipeline” depuis tellement longtemps qu’ils ont dû y prendre racine. Nous devons déplorer que le « comité de suivi » ne s’est plus réuni depuis lors. Nous devons déplorer que les recommandations émises par un des GT’s demeurent sans réponse …
Et pourtant, il ne se passe pas une semaine sans qu’un collège ne soit blessé en service. Il est bien triste de devoir constater que la violence augmente tandis que rien n’a encore changé pour le collègue de terrain.
Déontologie
La ministre aborde la déontologie dans cet article si critiquable. Il est vrai qu’elle nous a proposé un avant-avant-projet. Mais il faut savoir que le SLFP-Police lui a clairement dit que ce texte ne pouvait avoir qu’une seule destination (la poubelle) et que tant qu’il serait sur la table, le SLFP-Police ne participerait plus à une quelconque discussion à ce sujet. Emplâtre donc, mais dangereuse emplâtre pour les droits élémentaires in casu …
Nous plaidons depuis longtemps pour la mise en place d’un organe “des plaintes” au sein de la Commission déontologie (qui est paritaire), à l’instard de l’exemple Hollandais. Sur cette base, la Commission aurait un rôle d’enquête à jouer à l’égard de toute plainte lui parvenant. Ce système ne servirait pas que le controle social, mais servirait aussi à la protection des dénonciateur car nous constatons trop souvent que ceux-ci sont l’objet d’un rejet, d’une mise à l’écart, voire d’un harcèlement inacceptable car ils sont purement et simplement jetés dans la fosse aux lions dans le système actuel.
Mais nous devons déplorer que cette idée n’a pas l’heur de plaire à la ministre, qui ne bouge pas. Aurait-on peur de ce que la mise en place d’un tel organe permettrait de découvrir ?
Qualité
Une réforme de la formation est absolument nécessaire. Ainsi, la ministre pense qu’une amélioration qualitative passe par un révision complète du système actuel de certification, par la mise en place de « véritables examens ». Elle connait pourtant très bien où se situe le problème (qui n’est pas le système de certification) : les académies de police devraient fonctionner sous les auspices d’une coupole pédagogique fédérale. Ces académies doivent être intégrées dans une structure fédérale de la formation. Le système totalement indépendant des ASBL’s a démontré qu’il ne fonctionne pas. Mais pour toucher à ce tabou, il faut effectivement du courage politique.
Pour conclure
L’interview démarre sur ses mots : « Vous trouvez que c’est un agenda électoral ? », ironise-telle. Il est bien naïf de la part de la ministre de croire que les citoyens et parmi eux, les policiers, ne comprendraient pas quel est son objectif réel ? Qu’elle prouve seulement qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle sortie purement électoraliste ! Les réactions en bas de l’interview sur la page Internet de SudPresse (et maintenant des autres journaux qui ont travaillé le sujet) sont claires : la population a parfaitement compris le but de Mme Milquet !
Elle plaide dans son interview pour : Proximité, efficacité, modernité et qualité. Et le SLFP-Police lui répond simplement : mais exécutez Madame, exécutez !
Nous lui demandons de stopper le brassage d’air et :
– D’exécuter les engagements déjà pris ;
– De faire publier les textes légaux exécutant les accords de 2006, 2008, 2010, ainsi que les accords pris dernièrement ;
– D’user de son poids au sein du Gouvernement pour que les dossiers qui sont dans le fameux « pipeline » (lisez : bloqués à la Fonction Publique) soient enfin publiés.
Vincent Gilles Vincent Houssin
Président National Vice-Président National
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