Zaventem, 7 février 2015
Le SLFP Police apprend par les médias que le ministre de l’Intérieur veut adapter la loi “Caméras” afin de permettre l’usage de Bodycam’s par/sur les policiers.
En fait, il s’agit d’un vieux dossier de la précédente ministre de l’Intérieur que Mme Milquet avait proposé à la Commission Intérieur de la Chambre. Ainsi, nous avions – avec les autres organisations syndicales – peut exposer notre point de vue en profondeur. Et comme tout le monde le sait, le SLFP Police défend les intérêts du personnel policier et de la société, et en conséquence, a condamné le projet en question. Cela étant, si la loi à proprement parler a été adoptée … ce fut sans le volet “Bodycam”.
Les raisons qui sont à l’origine de l’abandon de cette idée de Bodycam sont les suivantes :
– Le cadre juridique : le texte proposé ne tenait pas la route juridiquement et il y avait encore de nombreuses questions de droit sans réponse. Ainsi, on considérait comme naturel et automatique que le personnel policier donne son accord à cette pratique …;
– Le coût de ce projet : beaucoup de députés-bourgmestres ont ouvert de grands yeux lorsqu’ils ont entendu le coût estimé d’une telle opération ;
– L’efficacité réelle en regard des objectifs : le SLFP Police a ainsi montré une séquence vidéo lors de la séance en Commission, séquence reprenant une leçon de self-défense avec exercice et Bodycam portée. Tout le monde a ainsi pu constater de visu l’impossibilité totale d’interpréter les images.
En plus, nous craignons qu’un tel dispositif ne soit finalement qu’un moyen de contrôle de plus à l’égard des collègues sur le terrain qui travaillent si souvent dans des conditions très difficiles.
Les partisans des Bodycam’s essayent de vendre leur soupe en prétendant que les images tirées de ce dispositif sera en faveur des policiers. Mais il s’agit d’un renversement complet du Droit et de la charge de la preuve. Il reviendrait alors au policier, quasi systématiquement, à prouver qu’il est innocent ! C’est purement et simplement anticonstitutionnel !
Nous avons été très étonnés de constater que deux organisations syndicales ont fait savoir qu’elles soutenaient ce projet du ministre. « Ceux qui font bien leur boulot n’ont rien à craindre ! » disent-ils en substance. Mais comment peut-on être aussi éloigné de la réalité du secteur policier ?
Nous devons certainement leur rappeler que ces dernières années, avec la mise en œuvre des Géofleetlogger dans les véhicules de service, avec le système AVL dans les radios, avec les badges pour tous les accès imaginables, …, avec tous les systèmes mis en œuvre pour « mieux protéger les policiers », ceux-ci sont devenus les travailleurs les plus contrôlés de Belgique. Même dans une centrale atomique, les travailleurs ne sont pas aussi contrôlés. Il ne manque que le bracelet à la cheville …
La réalité de notre secteur nous apprend – et aurait dû apprendre à ces pseudos syndicalistes – que les abus de tous ces systèmes sont monnaie courante. Le SLFP Police fait corps avec les membres du personnel et tient compte de leur avis : les policiers de terrain ne sont pas du tout demandeurs de ces Bodycam’s.
Et en cette époque de crise grave et de lutte contre le terrorisme, le SLFP Police demande si on n’a pas d’autres chats à fouetter. En conséquence, le SLFP Police rappelle une nouvelle fois son exigence – pour un service policier à la population digne de ce nom – de décisions politiques courageuses visant au refinancement structurel de la police intégrée, visant ainsi à mettre fin aux carences en moyens humain et matériel tant de la police fédérale que des corps de police locale, … plutôt que d’acheter une babiole de plus qui finira de toute façon au fond d’une armoire comme à Malines.
Vincent Gilles Vincent Houssin
Président national Vice-président national
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